OpenOffice.org : point de vue de l’intérieur

Depuis maintenant presque un mois, la création de la Fondation visant à rendre indépendant le projet OpenOffice.org monopolisait toute l’attention médiatique. Pas un jour sans que l’on crie haro sur Oracle-le-grand-méchant qui veut tuer le pauvre petit LibreOffice à peine sorti des limbes.

Je suis tombé il y a quelque temps sur un article de blogue fort intéressant de Joerg Moellenkamp. Ce monsieur est employé chez Oracle à Hambourg en tant que Consultant ventes matériel et a bien sûr travaillé auparavant pour Sun avant d’être absorbé. Il a donc une vision bien particulière de la situation vue de l’intérieur. Je tiens à préciser que je ne suis pas moi même impliqué dans l’une ou l’autre des organisations cités plus haut. Je reste un simple utilisateur qui cherche des réponses dans ce brouillard.

M. Moellenkamp n’est donc pas un développeur. Mais il les côtoie presque tous les jours car son bureau est dans le même bâtiment et qu’il existe une cafétéria commune. C’est l’endroit idéal pour discuter à bâton rompu.

On notera d’abord qu’il emploie beaucoup le terme de StarOffice alors que le produit a disparu. S’agit-il de nostalgie ? Je ne pense pas mais cela note plutôt un historique ancien de l’équipe de développement qui n’a peut être pas fondamentalement changée depuis l’origine. Ce point me semble important car il montre que le nom a peu d’importance (Sun, OpenOffice, Oracle), les développeurs continuent de travailler sur leur projet.

Ensuite, on comprend que l’équipe de développement se sent « attaqué » sans avoir de moyens réels pour se défendre. Jusqu’à présent, Oracle s’est exprimé en tant qu’entreprise sans laisser la parole à ses employés, ce qui est compréhensible.

Mais Moellenkamp nous donne la situation actuelle telle qu’il la ressent : bien qu’appréciant le travail de la communauté, la quasi-totalité du travail est effectuée par les développeurs d’Oracle. Et de nous livrer pour illustrer son propos deux graphiques montrant les validations de code au sein du projet OpenOffice.org.


Le graphique du haut montre que les développeurs Sun représentent la partie jaune du graphique. Pour chaque barre, on peut voir que le niveau est au minimum de 80 %. Les autres couleurs sont ensuite zoomées sur le graphique du bas. Novell et les développeurs indépendants représentent la majorité des 20 % restant.

Un bémol cependant, le graphique couvre la période de septembre 2000 à juillet 2008. Mais en deux ans, la situation se serait-elle inversée ?

Bref pour Moellenkamp, la Fondation est d’abord une fronde de « personnes utilisant OpenOffice.org » mais pas de « personnes travaillant activement au projet ». Et de rappeler que toutes les sociétés (Redhat, Canonical, Google ou Novell) qui ont offert leur soutien ne l’ont pas fait pour des motifs altruistes jusque là. Leur intérêt commun est aujourd’hui de mettre OpenOffice.org hors de portée de Oracle pour le placer sous le contrôle d’un organisme ayant un nombre plus important d’entreprises privées.

Donc, il suffit de gratter un peu le vernis « communauté du libre » pour retrouver une démarche classique d’entreprise.

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