Oracle éteint les serveurs de test pour PostgreSQL

Oracle a supprimé la ferme de serveurs que Sun Microsystems avait mis à disposition pour le développement du SGBD ouvert PostgreSQL. Cela a bien sûr obligé les animateurs du projet à se débrouiller pour trouver de nouvelles machines afin de poursuivre les tests des mises à jour sur système Solaris.

PostgreSQL est une base de données « open source » utilisé par des acteurs comme Yahoo, Skype et MySpace. Il est maintenant largement considéré comme un système fiable à d’autres bases comme MySQL qui appartient à Oracle désormais. On notera que la Commission européenne avait justement autorisé l’acquisition de Sun Microsystems par Oracle sur le fait que PostgreSQL était présenté comme alternative.

Comme la plupart des plateformes à code ouvert, PostgreSQL s’appuie sur une armée de bénévoles pour son développement. Ces bénévoles qui se servaient de la ferme de Sun pour compiler et vérifier PostgreSQL en utilisant un système de mise à jour automatique en ligne du code source pour chaque OS (Linux, Unix, Windows, MacOS X, etc). Un test simple et automatisé transite sur chacun de ces serveurs qui télécharge ses résultats vers un serveur central pour les développeurs et les utilisateurs de PostgreSQL.

« C’est une pièce essentielle de l’infrastructure pour le développement de PostgreSQL » a déclaré l’un des développeurs fondateurs Andrew Dunstan. « Avant, s’il existait un changement de code sur certaine plateforme, il fallait souvent des semaines ou des mois avant de le découvrir. Alors qu’actuellement, nous le savons en quelques heures. »

Sun Microsystems – et pour un court laps de temps son nouveau propriétaire Oracle – avait fourni trois serveurs afin de veiller sur la stabilité de PostgreSQL sur le système d’exploitation Solaris. Il avait également mis à disposition son outil DTrace pour tracer les dysfonctionnements. Mais au début du mois de juillet, Oracle décide donc de fermer l’accès de ses trois machines sans avertissement, laissant la communauté PostgreSQL se démener pour trouver une solution de remplacement.

« Si on nous avait alerté par exemple, trois mois avant, j’aurais été moins irrité » poursuit Dunstan. « Cela ne peut pas être une histoire de coût et Oracle ne peut pas être à court de matériel. » Ce revirement soulève à nouveau des questions quant à savoir si Oracle est prêt à adopter l’éthique « code ouvert » en étant le nouveau propriétaire de MySQL ou contributeur majeur sur des projets comme OpenOffice.org.

Oracle peut avoir été alarmé par des rapports sur le téléchargement des outils de migration pour des clients MySQL vers PostgreSQL. EnterpriseDB qui vend du service autour du SGBD libre rapporte que le nombre mensuel de téléchargements de son outil de migration est passé de 5.000 au début de 2009 à plus de 8.000 en novembre 2009. Les investisseurs dans EnterpriseDB que sont notamment IBM et Red Hat sont également les premiers concurrents pour Oracle.

Andrew Dunstan a confirmé depuis que EnterpriseDB est intervenu pour offrir des serveurs fonctionnant sous Solaris aux membres de la communauté pour continuer le processus de développement. Il a également trouvé « suspect » que Oracle considère PostgreSQL comme un concurrent. « Depuis que j’ai été personnellement impliqué dans la migration d’applications de Oracle vers PostgreSQL, je peux comprendre pourquoi ils peuvent se sentir comme ça » dit-il, « mais dans la communauté du libre, nous essayons d’être un peu moins féroces. J’ai beaucoup d’amis et de connaissances dans le monde MySQL. » et de conclure : « Nous sommes des rivaux respectueux, pas des ennemis mortels. »

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